Hommage au groupe de Résistance « Liberté »
Le 29 août, Neufchâtel-sur-Aisne a commémoré le 81ᵉ anniversaire de sa Libération et inauguré, devant le monument aux morts, une borne mémorielle « Aisne – Terre de Mémoire 1939-1945 ». Autour du Maire et du Conseil municipal, de nombreux représentants de l’État, des collectivités, de l’ONACVG (L’Office national des combattants et des victimes de guerre) , du Souvenir français, les porte-drapeaux, les sapeurs-pompiers, les associations et des habitants ont pris part à ce moment de recueillement et de transmission.
Dans son allocution, le Maire Lionel Pierrot a rappelé l’histoire locale de la Résistance, et tout particulièrement celle du groupe « Liberté » rattaché au secteur de Neufchâtel sur Aisne :

Ce groupe, constitué progressivement, est reconnu officiellement en août 1943. Il compta rapidement 27 membres. Sous l’impulsion de Paul Gillant et de son lieutenant Maurice Mathieu, ces femmes et ces hommes s’engagèrent au péril de leur vie dans des actions multiples : sabotages d’infrastructures ferroviaires sur la ligne Reims-Laon, interruption du trafic fluvial sur le canal latéral à l’Aisne, explosion d’un obus à proximité de la papeterie d’Evergnicourt, détériorations de matériels ferroviaires au dépôt de Guignicourt, incendie de matériel de battage réquisitionné par l’occupant. Ils menèrent aussi des actions dans les télécommunications (lignes du camp de Juvincourt, haute tension), distribuèrent des tracts, fabriquèrent de faux papiers, et prirent tous les risques pour organiser et soutenir la Résistance.
Ce courage eut un prix terriblement lourd. À partir de février 1944, le groupe fut démantelé : Paul Gillant fut arrêté et conduit à Saint-Quentin ; le même jour, Maurice Mathieu mourut accidentellement lors de la manipulation d’un obus. Dans les semaines suivantes, 24 membres furent arrêtés dans le village. Neuf résistants furent transférés au camp de Royallieu puis déportés vers Auschwitz, Buchenwald ou Dachau. Sept d’entre eux ne revinrent pas : Eugène Fouquet, Albert Georges, René Mathieu, Roger Saingery, Serge Sevrain, Fernand Warnet et Roger Warnet. Deux survivants rentrèrent de déportation : Albert Charpentier et André Mathieu.
Huit autres résistants furent condamnés à mort le 7 avril 1944 pour « actes de franc-tireur, attentats et sabotages de voies ferrées ». Ils furent fusillés le 8 avril au stand de tir de Saint-Quentin, au lieu-dit La Sentinelle : René Bégard, Henri Charpentier, René Differdange, Robert Dussart, Paul Gillant, René Guibal, Charles Livernaux et Virgile Muteau. Le Maire a rappelé avec émotion le rapatriement des dépouilles et la ferveur populaire qui accompagna ces hommages dès la Libération. Dès 1947, un monument fut érigé pour graver dans la pierre le souvenir de leur engagement.
La borne mémorielle dévoilée ce 29 août s’inscrit dans ce chemin de mémoire départemental. Elle rappelle, par sa sobriété, que la Liberté – ce mot qui donna son nom au groupe local – n’est jamais acquise et se conquiert grâce au courage de citoyens ordinaires. À travers elle, la commune souhaite rendre un hommage durable aux résistants du secteur et, plus largement, à toutes celles et tous ceux qui, civils ou militaires, ont souffert et combattu pour la France.
Au nom de Neufchâtel-sur-Aisne, le Maire a remercié l’ensemble des autorités présentes, les associations porteuses de mémoire, les porte-drapeaux, les pompiers et les familles. Il a enfin invité chacun à transmettre ce récit aux jeunes générations : « Pour que les noms gravés ne soient jamais de simples lettres sur la pierre, mais l’écho vivant d’une exigence : ne pas oublier. »